Vitiligo : causes, symptômes et traitements

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Le vitiligo est une maladie cutanée non contagieuse caractérisée par l’apparition de taches dépigmentées sur la peau. Bénigne sur le plan médical, cette anomalie peut conduire à une détresse psychologique sévère et doit donc bénéficier d’une prise en charge et d’un traitement adapté.

Qu’est-ce que le vitiligo ?

Le vitiligo est une affection de la peau qui se caractérise par une perte progressive de la pigmentation et donc l’apparition de taches blanches sur la peau. Ces troubles pigmentaires peuvent apparaître n’importe où sur le corps, mais se déclarent en général d’abord sur le visage, les mains et le tronc. Dans certains cas, les symptômes du vitiligo peuvent  aussi atteindre les muqueuses et la rétine. Les poils des régions touchées peuvent également devenir blancs. Le vitiligo peut donc toucher les cheveux, les sourcils ou encore la barbe.

Cette maladie touche entre 0,5% et 2% de la population*, quel que soit le sexe ou la couleur de la peau du patient. En raison de la différence de couleur entre la peau dépigmentée et la peau non touchée, le vitiligo est plus visible sur des peaux foncées. Si le vitiligo peut apparaître à tout moment, il est cependant plus susceptible de se développer avant l’âge de 20 ans dans 50% des cas.

Quels sont les différents types de vitiligo ?

Aujourd’hui, 3 termes principaux permettent de classifier les différentes formes de vitiligo (ref Bergqvist C et réf Rahman, R.,):

  • Le vitiligo segmentaire : cette forme de la maladie est fortement retrouvée chez l’enfant, environ 41% des cas avant l’âge de 10 ans. Elle est localisée sur un seul côté du corps avec des taches blanches bien délimitées sur la peau. Le vitiligo segmentaire apparaît et évolue rapidement en quelques mois puis tend à se stabiliser.
  • Le vitiligo non-segmentaire : il s’agit de la forme la plus commune. Elle commence par toucher le visage et les extrémités et évolue généralement vers le reste du corps de façon bilatérale et symétrique. Il n’est pas rare que des démangeaisons annoncent l’apparition de nouvelles taches. Contrairement au vitiligo segmentaire, cette forme a une progression lente. Le vitiligo universalis (touchant l’entièreté du corps), muqueux et folliculeux sont considérés comme des sous-types de vitiligo non-segmentaire.
  • Le vitiligo mixte : il correspond à une forme qui débute comme un vitiligo segmentaire mais qui évolue en vitiligo non-segmentaire environ 6 mois après le début de la maladie.

Quelles sont les causes du vitiligo ?

Si ses différentes manifestations cliniques sont bien comprises, les causes du vitiligo restent encore mystérieuses. On sait en effet que cette maladie est due à une disparition des mélanocytes, les cellules à l’origine de la production de la mélanine, le pigment de la peau. Les raisons de cette disparition sont encore à l’étude, mais deux hypothèses, celle du détachement ou de la destruction des mélanocytes concernés, sont actuellement avancées par la communauté scientifique et impliquent des dérèglements du système immunitaire (ref Bergqvist C et réf Rahman, R.,). En effet, le vitiligo est une maladie auto-immune, car les anticorps produits par l’organisme s’attaquent à ses propres cellules et dans le cas du vitiligo, détruiraient les mélanocytes.

Ces mécanismes impliquent bien évidemment un terrain génétique de prédisposition. La génétique joue en effet un rôle très important dans l’apparition du vitiligo. Il a été montré qu’environ 20% des personnes atteintes de vitiligo ont un parent du premier degré avec la maladie* . Cependant, le facteur génétique seul ne suffit pas à provoquer la perte de pigmentation. Autrement dit, avoir un membre de sa famille atteint ne signifie pas que vous allez forcément développer cette maladie. Des facteurs environnementaux sont souvent associés et déclenchent ou exacerbent la maladie (stress, blessure).

Par ailleurs, il est aussi fréquent de retrouver d’autres maladies chez les patients atteints de vitiligo. Dans 15 à 20% des cas, le vitiligo serait associé à une maladie thyroïdienne auto-immune (hypo ou hyper-thyroïdie)*, mais certains patients présentent également un diabète de type 1 ou d’autres affections dermatologiques comme le psoriasis ou la dermatite atopique.

Quels sont les facteurs de risque ?

L’évolution du vitiligo est imprévisible. Effectivement, il est impossible de prédire à l’avance le nombre et l’étendue des taches de dépigmentation. Il peut notamment évoluer par phase et, dans certains cas plus rares, disparaître de manière spontanée. S’il n’est pas la cause principale du développement du vitiligo, le stress peut favoriser son apparition ou aggravation, qu’il soit psychologique ou physiologique (lié à un état pathologique).

Le vitiligo est-il contagieux ?

Le vitiligo n’est ni contagieux, ni douloureux. Cependant, les conséquences psycho-sociales peuvent être dévastatrices au sein de la population adolescente et chez les patients présentant des taches dépigmentées sur des zones visibles du corps.

Quels sont les signes cliniques du vitiligo ?

Le principal signe clinique du vitiligo est l’apparition de taches blanches ou de dépigmentation de la peau. En fonction du type de vitiligo, ces taches peuvent se présenter sous des formes et tailles variables et ont tendance à s’agrandir avec le temps. Le vitiligo peut également atteindre la barbe et les poils. On parle alors de leucotrichie.

La dépigmentation causée par la perte de mélanine rend la peau des personnes atteintes de vitiligo beaucoup plus sensible aux coups de soleil. En effet, la mélanine permet de protéger la peau contre les effets du soleil. Les personnes ayant le vitiligo doivent donc éviter les temps d’expositions trop longs qui pourraient être sources d’apparition de nouvelles taches. En revanche, il a été rapporté que dans le vitiligo, les personnes présentaient un risque moins important de développer des cancers de la peau et ce, même après des traitements par photothérapie UV. (ref Teulings HE; ref Bae JM)

Vitiligo : les traitements

À ce jour, il n’existe pas de traitement qui permette de guérir du vitiligo. Les traitements actuels permettent toutefois de freiner ou interrompre le processus de décoloration (ref Bergqvist C et réf Rahman, R.,) :

  • Les traitements de repigmentation, dont l’objectif est de stimuler la multiplication des mélanocytes encore présents. Cette repigmentation peut se faire par deux procédés : la photothérapie ou les traitements topiques locaux. Ils sont souvent utilisés en association pour maximiser les chances de réussite pour les patients. Les traitements de repigmentation peuvent être longs allant de 6 à 24 mois.
  • Les traitements de dépigmentation ont pour objectif de dépigmenter définitivement l’ensemble de la peau afin d’obtenir une apparence uniforme. Cette option est assez radicale et n’est envisagée que lorsque le vitiligo recouvre la majeure partie du corps comme dans le cas du vitiligo universalis où le corps est dépigmenté à environ 90 % de la surface totale du corps.
  • Enfin, dans certains cas, notamment lorsque les poils et les cheveux sont eux-mêmes dépigmentés, des greffes de peau peuvent être proposées. Ces greffes sont surtout adaptées aux personnes atteintes de vitiligo segmentaire qui n’évolue plus. Il s’agit de greffes autologues, c’est-à-dire que les greffons sont prélevés sur le patient lui-même, dans des zones du corps qui ne sont pas atteintes par le vitiligo.

Ces traitements sont aussi utilisés chez les enfants, les traitements topiques à des doses plus faibles et la photothérapie dès que l’enfant peut rester sans bouger dans la cabine, auquel cas cela pourrait être dangereux pour lui.

Il y a tout de même des efforts considérables qui sont mis dans la recherche et la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques dans le vitiligo.

En dehors des traitements médicamenteux, certains patients peuvent avoir recours aux cosmétiques. En effet, il existe des produits spécialisés qui permettent de camoufler les régions dépigmentées sans pour autant les traiter :

  • Correcteur (temporaire)
  • Fond de teint (temporaire)
  • Autobronzant (semi-permanent)

Les solutions permanentes comme le tatouage sont fortement déconseillées car elles peuvent être des sources d’apparition de nouvelles taches car la peau subit un traumatisme.

Importance de la prise en charge psychologique dans le vitiligo

La peau joue un rôle très important dans nos interactions avec le monde. Et tout changement visible sur celle-ci peut s’avérer délétère à l’échelle psychosociale pour la personne.

Le vitiligo est considéré comme une maladie ayant un fort impact sur la qualité de vie des patients. En effet, sa manifestation clinique, surtout sur les zones visibles du corps (visage, bras et jambes) peut entrainer des stigmatisations, l’isolement ou encore la dépression. Dans une étude anglaise, près de 50% des personnes affirmaient que le vitiligo avait un impact significatif sur leur qualité de vie. L’impact psychologique dans la population adolescente est très fort avec des effets qui persistent à l’âge adulte notamment sur l’estime de soi ou d’autres affections psychiatriques (dépression, anxiété, pensées suicidaires, …). [ref Seneschal]

Les effets de la maladie ne sont donc pas à minimiser par le corps médical. Il est important d’être à l’écoute des patients et de prendre en charge leur détresse en n’hésitant pas à proposer une prise en charge psychologique.

Si vous ou l’un de vos proches ressentez le besoin d’échanger à ce sujet, L’Association Française du Vitiligo organise des groupes d’échange qui peuvent apporter un véritable soutien émotionnel.

Sources :
https://www.inserm.fr/dossier/vitiligo/https://www.afvitiligo.com/comprendre-le-vitiligo/les-causes-du-vitiligo/
https://www.cure-vitiligo.com/fr/home
Bergqvist C, Ezzedine K. Vitiligo: A Review. Dermatology. 2020;236(6):571-592. doi: 10.1159/000506103. Epub 2020 Mar 10. PMID: 32155629.
Rahman, R., Hasija, Y. Exploring vitiligo susceptibility and management: a brief review. biomed dermatol 2, 20 (2018). https://doi.org/10.1186/s41702-018-0030-y
Teulings HE, Overkamp M, Ceylan E, Nieuweboer-Krobotova L, Bos JD, Nijsten T, Wolkerstorfer AW, Luiten RM, van der Veen JP. Decreased risk of melanoma and nonmelanoma skin cancer in patients with vitiligo: a survey among 1307 patients and their partners. Br J Dermatol. 2013 Jan;168(1):162-71. doi: 10.1111/bjd.12111. PMID: 23136900.
Bae JM, Ju HJ, Lee RW, Oh SH, Shin JH, Kang HY, Park JH, Kim HJ, Jeong KH, Lee HJ, Lee S, Kim DH, Lee DY, Kim YC, Choi GS, Kim KH, Park CJ, Choi CW; Korean Society of Vitiligo. Evaluation for Skin Cancer and Precancer in Patients With Vitiligo Treated With Long-term Narrowband UV-B Phototherapy. JAMA Dermatol. 2020 May 1;156(5):529-537. doi: 10.1001/jamadermatol.2020.0218. PMID: 32159729; PMCID: PMC7066522.
Seneschal J. Clinical Features of Vitiligo and Social Impact on Quality of Life. Dermatol Pract Concept. 2023 Dec 1;13(4S2). doi: 10.5826/dpc.1304S2a312S. PMID: 38241394.