Psoriasis, les conseils d’un dermatologue

Pour introduire ce sujet, voici une définition courte de ce qu’est le psoriasis et ses différents types :

Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau, commune puisqu’elle affecte environ 3% de la population mondiale. Il correspond à un renouvellement accéléré et anormal des cellules de la surface de la peau (épiderme). Il existe différentes formes de psoriasis :

  • Le psoriasis en plaques : plaques rouges, squameuses (pellicules blanches), bien limitées,
  • Le psoriasis en goutte, souvent chez l’enfant suite à une infection : nombreuses petites plaques de quelques millimètres,
  • Le psoriasis pustuleux, localisé aux paumes et aux plantes, ou plus rarement généralisé,
  • Le psoriasis érythrodermique : forme rare et grave, généralisée à l’ensemble du corps nécessitant une hospitalisation pour une prise en charge spécifique.

Le diagnostic de psoriasis est clinique, et nécessite un examen de l’ensemble du corps, des muqueuses et des phanères (cuir chevelu, ongles) puisque les présentations du psoriasis sont aussi variées que ses localisations. En effet, toutes les régions du corps peuvent être touchées, même les muqueuses (langue, organes génitaux). Les lésions prédominent sur les zones de frottement (coudes, genoux, bas du dos…), et atteignent volontiers le nombril, le cuir chevelu, les conduits auditifs externes et mêmes les ongles. Au niveau du visage, il est difficile de le distinguer d’une dermatite séborrhéique. Il n’y a pas de risque de cicatrices.

A noter que les démangeaisons, initialement peu décrites dans cette maladie, touchent en fait plus de 50% des patients et sont importantes à prendre en compte, notamment dans le retentissement sur la qualité de vie des patients.

Le rhumatisme psoriasique est une maladie inflammatoire des articulations qui est observée dans 5 à 20% des cas. Une consultation rhumatologique est utile en cas de douleurs articulaires nocturnes, sensation d’ankylose au réveil ou déformation des doigts ou des orteils notamment. De plus, le psoriasis est fréquemment associé à un syndrome métabolique avec surpoids, hypercholestérolémie, hypertension artérielle, diabète ou prédiabète. Ces comorbidités sont importantes à diagnostiquer et traiter, en collaboration avec le médecin traitant, pour la prise en charge globale du patient. Une consultation cardiologique peut s’avérer utile également.

Les idées reçues de cette maladie ?

On ne le répétera jamais assez, le psoriasis n’est pas une maladie contagieuse, ni une maladie psychosomatique, bien que la dimension psychologique ne soit pas rare dans le psoriasis (liée à la fois à l’aggravation de la maladie en période de stress, mais aussi au retentissement de la maladie sur l’image de soi, pouvant aller jusqu’à la dépression). A présent, la maladie est souvent considérée comme chronique et résistante au traitement, ce qui peut affecter le moral des patients et leur adhésion au traitement. Les anomalies du système immunitaire à l’origine de la maladie sont de mieux en mieux connues ce qui a permis d’étoffer l’offre thérapeutique ces dernières années et, bien que l’on ne puisse pas guérir définitivement le psoriasis, les traitements permettent d’atténuer considérablement les souffrances morales et physiques de nos patients.

Un traitement pour guérir de la maladie ? (non, mais lésions oui)

Aucun traitement à ce jour ne permet de guérir définitivement du psoriasis. Nous retrouvons un certain défaitisme chez nos patients qui épargne pourtant de nombreuses autres maladies chroniques (diabète, hypertension, …) et parait injustifié. En effet, les traitements peuvent apporter des rémissions prolongées et le psoriasis peut disparaître spontanément chez certains, à condition de comprendre puis de corriger les facteurs aggravants (traumatismes répétés, frottements, consommation excessive d’alcool, tabagisme, surpoids, stress…).

Quelles sont les différentes catégories de traitement ?

Il est important de noter que le traitement doit être adapté à chaque patient, l’objectif n’étant pas le même selon le retentissement de la maladie sur la qualité de vie, l’image de soi, la gêne occasionnée avec notamment la présence ou non de démangeaisons.

Les traitements locaux sont efficaces et bien tolérés quand la surface à traiter est modérée. Ils associent de façon complémentaire les corticoïdes et la vitamine D.

Le soleil améliore la plupart des patients grâce aux propriétés anti-inflammatoire des ultraviolets. La photothérapie est donc un traitement possible du psoriasis, réservée aux formes étendues, en l’absence de contre-indication et sous surveillance dermatologique. Elle ne sera pas recommandée en cas de peau très claire du fait du risque de cancers cutanés à long terme. De plus, elle est souvent difficile d’accès et contraignante du fait de la nécessité de plusieurs séances par semaine.

Les crèmes hydratantes peuvent avoir un effet intéressant complémentaire aux traitements locaux ou généraux sur la sécheresse, la présence de squames, les démangeaisons, selon les principes actifs utilisés.

En cas d’échec des traitements locaux ou de psoriasis étendu, il faut envisager la photothérapie ou d’autres traitements généraux tels qu’un dérivé de la vitamine A, un inhibiteur de la phosphodi-estérase 4 (PDE4), ou les immunosuppresseurs. Les biothérapies sont des traitements ciblés des anomalies du système immunitaire qui permettent de soulager les cas les plus difficiles.

Accompagnement du patient : en parler, s’entourer, consulter.

Comme dans toute maladie chronique, le suivi au long cours est primordial pour évaluer l’efficacité et la tolérance des traitements. La maladie évoluant par poussées avec de nombreuses rechutes, les traitements pourront ainsi être modifiés ou adaptés dans le temps. Le dialogue entre le médecin et le patient est ainsi essentiel dans la prise en charge. Les échanges et la rencontre avec une association de patients peut être d’une grande aide au quotidien.

Pour plus d’information, vous pouvez vous rendre sur le site grand public de la société française de dermatologie : Dermato-info. Vous y trouverez notamment un lien vers l’association de patient « France Psoriasis ».